Principe |        
L'éjecto-convecteur est le frère du ventilo-convecteur ! 
Comme lui, il suppose deux réseaux distincts 
- un réseau d'eau pour apporter chaleur et froid au local,
 - un réseau d'air pour assurer la pulsion minimale d'air neuf hygiénique.
 
Ces  deux apports se combinent astucieusement dans l'éjecto :    l'air neuf  pulsé à haute vitesse va induire le passage d'air secondaire dans    les  batteries d'eau chaude et d'eau glacée. 
Et c'est là qu'une différence apparaît : le ventilo  prévoit    que l'air du local qui traverse les batteries soit pulsé par  un ventilateur,    alors que dans l'éjecto, c'est l'effet d'induction  qui sera le moteur. L'air    neuf pulsé entraîne de 2 à 5,5 fois son  débit d'air ambiant au travers    des batteries de chaud et de froid... 
Si ce système a eu son heure de gloire dans les  années 70 pour la climatisation des grands bureaux, il s'installe  rarement aujourd'hui en allège. Par contre, il revient à la mode  actuellement sous la forme de poutres froides insérées dans le faux plafond. 
Les  mauvaises langues disent d'ailleurs qu'avec  cette nouvelle mode, on a  de la puissance en moins (l'eau glacée ne peut descendre    sous les  15°C pour éviter la condensation) et des ennuis en plus (assurer la     maintenance d'un équipement au plafond, ce n'est pas évident !)
Aspects technologique |        
Préparation de l'air primaire
En centrale, de l'air primaire est préparé. C'est à  ce moment    que l'on peut agir globalement sur le taux d'humidité de  l'ambiance (humidification    en hiver et déshumidification en été). Le  débit d'air primaire est constant    puisqu'il correspond généralement  au débit d'air neuf hygiénique calculé sur    base du nombre d'occupants  prévus dans le bâtiment (30 m³/h/personne). 
Le caisson de préparation est équipé d'une  filtration de classe 7. A défaut, les buses d'induction se colmatent  rapidement (d'où baisse du taux d'induction, augmentation de la vitesse  et donc du bruit, ...). 
Distribution
Traditionnellement, l'air primaire est pulsé par des  ventilateurs    centrifuges, à grande vitesse (de 15 à 25 m/s) et sous  forte pression (de    150 à 500 Pa)  jusqu'aux éjecto-convecteurs. Mais  d'une part cette    haute vitesse génère du bruit et d'autre part les  effets d'induction    ont été améliorés, si bien que les constructeurs     proposent aujourd'hui des éjectos fonctionnant à vitesse normale.   
Chaque appareil doit être raccordé au réseau de     distribution d'air primaire, contrainte surtout gênante pour un projet  de rénovation.    Comme généralement les éjectos sont placés en allège,     il faut prévoir des trémies verticales (gaines techniques) puis     une distribution horizontale des gaines en allège. La présence    de  clapets coupe-feu dans chaque trémie augmente le coût global.    Et  l'obligation de l'allège réduit la liberté de l'architecte. 
Émission dans les éjecto-convecteurs
Cet air passe dans des buses d'injection. A la  sortie de ces injecteurs, une dépression est créée (effet Venturi) et  l'air du local est aspiré par induction.  
Et là, un choix crucial apparaît : plus la pression  de    l'air primaire est forte, plus l'induction est forte,... mais  aussi plus un    bruit de sifflement peut apparaître aux injecteurs ! Il  faudra donc limiter    le niveau de pression et faire en sorte que  l'air secondaire du local n'ait    pas à vaincre une trop forte perte de  charge ! Les échangeurs seront de    grande surface, les ailettes  seront espacées,...  
Autrement dit, le matériel sera plus encombrant et plus cher    que celui des ventilos... ! 
Généralement, il n'y a pas de filtres sur les     éjectos pour réduire la perte de charge. Mais si un filtre est    placé  sur le passage de l'air induit, son nettoyage fréquent s'impose.
Si  la température de l'eau glacée est inférieure au point de    rosée de  l'ambiance (de l'ordre de 12°C), un réseau d'évacuation des condensats     sera prévu.
Ci-contre, on reconnaît la buse d'amenée de l'air          neuf, surmonté des batteries d'échanges.   Généralement, l'éjecto est non carrossé et intégré           dans le mobilier du local. Le placement d'absorbants acoustiques  collés          sur les parois internes de ce mobilier sera bien utile.         |    
Les réseaux d'alimentation des échangeurs
Comme pour les ventilo-convecteurs, il existe quatre grandes    familles 
- Les éjectos "à 2 tubes réversibles" : ils ne disposent que d'un seul échangeur, alimenté alternativement en eau chaude en hiver et en eau glacée en été.
 - Les éjectos "à 4 tubes" : ils disposent de deux échangeurs, pouvant être connectés en permanence soit au réseau d'eau chaude, soit à celui d'eau glacée. La taille (le nombre de rangs) de l'échangeur de froid est plus élevé que celui de la batterie chaude, suite au delta T° plus faible sous lequel travaille la batterie froide. On dit que "le pincement" est plus faible entre T°eau et T°air dans l'échangeur.
 - Les éjectos"à 2 tubes - 2 fils" : pour diminuer les coûts d'installation, on ne prévoit que le réseau d'alimentation en eau glacée. Pour assurer le chauffage d'hiver, une résistance électrique d'appoint est prévue. Mais le prix du kWh électrique étant nettement plus élevé que le kWh thermique, les coûts d'exploitation seront importants... Ce système ne se rencontre que rarement dans les éjectos.
 - Les éjectos à "trois tubes" : deux tubes apportent séparément l'eau chaude et l'eau froide, le troisième assure un retour commun. Ce système est catastrophique au niveau énergétique par suite du mélange eau chaude/eau froide. Il est totalement abandonné aujourd'hui.
 
La régulation des systèmes à 2 tubes |        
De  l'eau chaude ou de l'eau froide sont, suivant  les saisons, préparées  en centrale. Il est décidé globalement    pour le bâtiment du moment de  changer la température d'alimentation    du réseau. Mais un besoin de  découpage de l'installation en zones homogènes    va apparaître si les  façades sont diversement exposées. 
En été, une seule température d'eau glacée  est  préparée en centrale; elle alimente le caisson de traitement d'air neuf     et la boucle des éjectos. Au besoin, la température de distribution     de l'eau glacée pourrait varier en fonction de la température     extérieure ou de l'intensité du rayonnement solaire, via une régulation     hydraulique. Cela réduit les pertes en ligne et diminue la  consommation  liée à la    chaleur latente contenue dans l'air.  
La température de l'air pulsé est généralement  basse. 
On pourra s'inspirer de la  régulation des ventilo-convecteurs à 2 tubes.
La régulation des systèmes à 4 tubes |        
De  l'eau chaude et de l'eau froide sont préparées simultanément  en  centrale; la température de l'eau chaude peut varier en fonction de la  température    extérieure. La température de l'eau glacée est  généralement fixe au niveau du    groupe frigorifique mais au besoin  elle pourrait varier en fonction de la température    extérieure ou de  l'intensité du rayonnement solaire, via une régulation    hydraulique.  Cela réduit les pertes en ligne et diminue la consommation  liée à la    chaleur latente contenue dans l'air.  
On pourra s'inspirer de la  régulation des ventilo-convecteurs à 4 tubes.
Avantages |        
- Les systèmes à éjecto-convecteurs font partie des installations où l'apport d'air neuf (réseau d'air) est séparé de l'apport thermique (réseaux d'eau). Il n'y a dès lors pas lieu de prévoir un recyclage de l'air et donc aucun risque de contamination d'un local vers l'autre.
 - L'installation est très souple localement, réagit facilement aux variations de charges (surtout si 4 tubes) et permet un contrôle individualisé de la température dans le local.
 - Les éjecto sont peu bruyants, si l'installation a été correctement dimensionnée par le bureau d'études... et que le client a bien voulu financer la qualité de l'installation : large dimensionnement des échangeurs ! (le bureau d'études fait souvent pour un mieux avec l'argent qu'on veut bien mettre dans l'installation...). A noter qu'il est important de procéder systématiquement au nettoyage des éjecteurs et au contrôle de l'équilibrage du réseau d'air primaire. Un éjecteur sale ou suralimenté en air émet, en effet, un son aigu particulièrement désagréable.
 - L'absence de ventilateur rend la maintenance très aisée : seul un nettoyage périodique des batteries et des buses est nécessaire.
 - L'encombrement peut être limité lorsque l'air primaire est acheminé vers les locaux sous haute vitesse, ce qui réduit les sections des gaines.
 
Inconvénients |        
- La consommation électrique du ventilateur du caisson de préparation est élevée lorsque l'air primaire est distribué sous haute pression (pour assurer l'induction).
 - Le coût d'installation est élevé : une taille minimale de l'ordre de 100 éjectos est nécessaire pour amortir le coût d'un tel système, ce qui limite l'application aux grands immeubles.
 - La régulation, qui peut permettre de multiples combinaisons (sur l'air, sur l'eau) peut devenir trop sophistiquée.
 - Une sensibilité importante à l'équilibrage aéraulique du réseau d'air. De plus, toute ouverture des fenêtres est interdite sous peine de déséquilibrer totalement la distribution de l'air et de là, la distribution de chaleur induite !
 - La contrainte de devoir raccorder chaque appareil au réseau de distribution d'air primaire est très gênante, surtout pour un projet de rénovation. C'est également un défaut de souplesse en cas de modification du nombre et de la puissance des équipements, si bien que dans une architecture modulaire l'on est parfois obligé de sélectionner un appareil par module (pour prévoir tout déplacement futur de cloisons), solution qui s'avère très coûteuse...
 - Globalement, l'efficacité énergétique de l'installation est bonne, mais      n'est pas optimale car :           
- Des pertes apparaissent dans l'éjecto au niveau des batteries, lorsque la régulation est faite par clapets d'air.
 - L'air primaire alimente simultanément tous les locaux, même ceux qui sont inoccupés.
 - Les débits sont constants et il est donc impossible de réaliser du free-cooling sur l'installation, c'est-à-dire de profiter de l'air frais et gratuit extérieur.
 
 
Domaine |        
Si  la pression du réseau d'air primaire est limitée, l'éjecto-convecteur  est plutôt silencieux et à ce titre, il sera apprécié dans les immeubles  de bureaux. 
Tout particulièrement s'il y a de nombreux bureaux  individuels, puisqu'une adaptation souple aux besoins de chaque local  est possible. 
Si les charges sont très variables d'un local à  l'autre, d'un    moment à l'autre (présence d'un masque solaire qui  provoque des ombres sur la    façade, par exemple), une installation  4 tubes sera adaptée.  
Mais la concurrence du ventilo-convecteur est  forte : actuellement,    on réalise des ventilo-convecteurs à basse  vitesse, très silencieux, dont les    débits d'air sont sûrs. L'éjecto  reste lui toujours très sensible à un défaut    d'équilibrage de  l'installation aéraulique... 
Ainsi, les éjectos ne sont pas adaptés aux hôtels  puisque les chambres ont une occupation discontinue, alors que la  pulsion d'air primaire est constante.  
Le souhait d'augmenter l'espace au sol, la présence  d'un faux plafond    technique, la diminution des besoins surtout en  hiver, ... font que le marché  de l'éjecto-convecteur est actuellement  déplacé vers celui des poutres    froides.
Prédimensionnement |        
Les  éjecto-convecteurs ont une gamme de puissances calorifiques    variant  de 150 à 1 200 Watts, et des puissances frigorifiques de 120    à  900 Watts. 
Le débit d'air primaire aux injecteurs est compris entre 8 et    50 l/s. 
Réglementation
Il existe une norme qui traite des éjecto-convecteurs :   
 NBN D 16-002 (1975) : Chauffage  central, ventilation et conditionnement d'air - Ejecto-convecteurs (1e éd.)   
La norme donne la définition et la classification   des ejecto-convecteurs, les spécifications des éléments constituants,  les exigences    de sécurité, les caractéristiques à fournir, et les  conditions de vérification    de ces caractéristiques.